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Relais Femmes Naninne
8 mai 2015

« UNE GIFLE POUR LES MILLIERS DE VICTIMES »

Rien jamais acquis

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RETRAIT DE LA VIOLENCE CONJUGALE DES PRIORITÉS DE LA POLICE - « UNE GIFLE POUR LES MILLIERS DE VICTIMES »

jeudi 30 avril 2015, par Philippe Hensmans ( http://www.amnesty.be/doc/s-informer/actualites-2/article/retrait-de-la-violence-conjugale)

La police souhaite que la violence domestique ne soit plus considérée comme une priorité dans le Plan national de sécurité. « Une gifle pour les plus de 40.000 victimes qui ont osé faire cette démarche chaque année », a déclaré Philippe Hensmans, directeur d’Amnesty International. « Et pour beaucoup d’autres également, parce que la grande majorité des faits ne sont pas déclarés. »

Une carte de la violence conjugale montre qu’une personne n’est considérée comme victime qu’après une moyenne de 35 incidents, selon l’Institut pour l’égalité entre les femmes et les hommes, lorsque sa vie est en danger ou lorsque les enfants encourent un risque. En 2013, la violence conjugale a été fatale pour 162 personnes en Belgique. La violence domestique est un problème social majeur.

Au cours des dernières années, plusieurs efforts ont été faits dans la lutte contre la violence domestique. « L’approche s’est en effet améliorée au cours des dernières années, mais pas globalement et cela dépend souvent de l’engagement personnel des parties prenantes locales. Le processus n’a pas encore été structurellement intégré. Aujourd’hui, de nombreuses victimes sont toujours dans la souffrance. Toutes les victimes ne sont pas connues, toutes les procédures ne sont pas parfaites, trop de monde ignore ce problème. Le nombre de signalements est un des plus élevés dans les statistiques de la police. Cette situation reste scandaleuse », a déclaré Philippe Hensmans.

Dans le plan de sécurité précédent, la violence entre partenaires a été traitée sous la rubrique « violence domestique et violence contre les femmes ». Amnesty International est extrêmement préoccupée par le fait que cette position de la police pourrait compromettre l’attention prioritaire que promettent tous les accords de gouvernement pour lutter contre le viol. Les chiffres officiels pour le viol dans notre pays sont élevés à un point tel que cela en devient hallucinant.. Chaque jour, huit plaintes pour viol sont soumises. 90% des infractions sexuelles ne sont même pas déclarées.

La police a affirmé que son approche fonctionne et est efficace. Cela est en contradiction avec ce qui s’observe sur le terrain et les conclusions qu’elle en tire sont illogiques.

« Les priorités du plan de sécurité ne devraient pas être choisies simplement parce que ce sont de nouveaux défis, mais elles doivent être une expression de la mesure et l’importance sociale accordée à un type particulier de crime », a déclaré le directeur d’Amnesty International.

De plus, la police n’est qu’une pièce du puzzle. Le Plan de sécurité a en effet des implications importantes pour les poursuites et le suivi juridique des plaintes. Là également, beaucoup reste à faire pour améliorer la réponse à la fois la violence du partenaire et la violence sexuelle. En outre, un nouveau plan d’action contre la violence contre les femmes est en train d’être élaboré. Cette proposition de la police mine la possibilité d’élaborer un plan solide. Une attention constante est nécessaire. Amnesty International appelle le gouvernement à maintenir à la fois la lutte contre la violence domestique et la violence sexuelle comme une de ses priorités.

 


L’Europe ignore – t-elle la souffrance des femmes ? Etude de Godelieve Ugeux sur les droits sexuels et reproductifs

PUBLIÉ LE 30 DÉCEMBRE 2014 DANS ETUDES -  ACRF

 http://www.acrf.be/leurope-ignore-elle-la-souffrance-des-femmes/

Pourquoi cette étude ? Elle est le résultat d’une inquiétude suscitée par divers événements à la charnière des années 2013 et 2014. Nous en avions des échos par médias interposés. Un projet de révision de la loi sur l’avortement en Espagne qui en diminue largement les conditions d’accès suscitant des répercussions dans de nombreux pays de l’UE : trois mille manifestants se rassemblent à Bruxelles pour soutenir le droit à l’avortement en Europe, un train de la liberté s’ébranle en Espagne. Les réactions virulentes autour du mariage homosexuel et le détournement de l’analyse de genre par des groupes conservateurs en France ne laissent pas de surprendre. Et même le Parlement européen, apparent pourfendeur de toute discrimination, notamment envers les femmes rejette, à quelques mois d’intervalle, deux résolutions concernant les droits sexuels et génésiques et l’égalité des hommes et des femmes.

 

Téléchargez l’étude en PDF: http://www.acrf.be/wp-content/uploads/2014/12/Etude-Droits-sexuels-et-reproductifs2.pdf

 


LA CONDITION DE LA FEMME OU… LES FEMMES SOUS CONDITIONS ?

lundi 16 mars 2015par Zoe Spriet  http://www.amnesty.be/doc/s-informer/actualites-2/article/la-condition-de-la-femme-ou-les

La Belgique participe à la 59e session de la Commission de la condition de la femme des Nations Unies (ONU) cette semaine. Son ouverture a été marquée par l’adoption d’une Déclaration politique, fruit de plusieurs semaines de négociations tendues entre les États. Le texte comporte des points positifs pour l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes et des filles, mais il présente aussi de nombreuses lacunes. Au niveau belge, du chemin reste à parcourir en ce qui concerne l’égalité femmes/hommes et la lutte contre les violences sexuelles. L’engagement des différentes entités dans cette direction est encourageant, à condition d’être transformé en réalisations concrètes. Et il faudra sortir les organisations chargées d’aider les victimes de la misère budgétaire dans laquelle elles sont souvent plongées.

À l’ONU ce lundi, les gouvernements ont renouvelé sans surprise les engagements pris en 1995 dans la Déclaration et le Programme d’action de Pékin en faveur de l’égalité des sexes et de l’autonomisation des femmes et des filles. Ils réaffirment que la réalisation ces objectifs est étroitement liée à la pleine réalisation de leurs droits fondamentaux. Cependant, la Déclaration manque d’audace pour s’attaquer aux problèmes urgents qui entravent les progrès substantiels dans ces domaines. Ainsi, la Commission ne reconnaît pas que si les femmes et les filles connaissent un niveau de développement plus faible que les hommes, c’est en raison de la négation de leurs droits humains. En effet, le manque d’égalité dans l’accès à la santé, à la nourriture et à l’eau et à l’éducation les marginalise de manière plus importante. De plus, la Déclaration reconnaît la persistance de nombreux défis ayant un impact disproportionné sur les femmes et les filles, mais elle refuse de les désigner de façon explicite. La montée des fondamentalismes, l’extrémisme violent, l’augmentation du nombre de personnes déplacées et l’accroissement des inégalités n’y apparaissent pas. La Commission aurait pu faire preuve de leadership dans la reconnaissance de ces questions et appeler à des mesures concrètes pour y remédier, mais elle n’a pas saisi cette opportunité.

Aussi, comment mettre fin à la violence sexiste et sexuelle sans lutter contre l’impunité des auteurs  ? La Commission reste muette sur cette question, ainsi que sur la nécessité de tenir les acteurs étatiques et non étatiques responsables de la perpétuation de l’inégalité des sexes et des violations des droits humains des femmes et des filles. Elle ne mentionne pas non plus que les références à la culture, à la tradition ou à la religion sont souvent utilisées pour justifier les violations.

En outre, la participation politique des femmes continue de faire l’objet de contestation et la Commission ne présente pas de mesures détaillées pour l’améliorer. De la même manière, il est regrettable que la Commission n’ait pas insisté sur l’importance de la participation égale des femmes dans les processus de prévention et de résolution des conflits et de consolidation de la paix. La Commission aurait dû exhorter les États membres à intensifier leurs efforts pour mettre pleinement en œuvre l’agenda élaboré dans le cadre de la résolution 1325 du Conseil de sécurité de l’ONU.

Enfin, il est très préoccupant de constater que la Commission semble ignorer le rôle essentiel des organisations de femmes, des organisations féministes et les femmes défenseures des droits humains. Sans doute faut-il se consoler avec l’appel de la Commission pour la promotion d’un environnement sûr et favorable aux organisations de la société civile.

Côté belge, les inégalités subsistent (faut-il rappeler que dans le gouvernement fédéral, seules 4 ministres sur 18 sont des femmes) et les violences sexuelles sont extrêmement répandues et peu condamnées. Selon un sondage réalisé en 2014 par Dedicated dans le cadre de notre campagne contre le viol, 13% des femmes belges ont été ou sont toujours victimes de viol en dehors de leur couple, et 25% au sein de leur couple. Le viol et les violences sexuelles semblent cependant sortir progressivement de l’ombre. Les déclarations de politique, tant au niveau fédéral qu’au niveau régional et communautaire, sont encourageantes, mais ne sont pour le moment que des promesses.

À l’ONU cette semaine, la délégation belge menée par Elke Sleurs tient une ligne engagée qui rassure. Son projet de discours allait dans le bon sens. La Belgique insiste sur l’importance de la lutte contre la violence et affirme qu’elle ratifiera bientôt la Convention d’Istanbul pour la prévention et la lutte contre la violence faite aux femmes et la violence domestique. Elke Sleurs rappelle qu’aucune religion, tradition, coutume ou culture ne peut être invoquée dans le but de justifier des faits de violence à l’égard des femmes et des filles. Sont aussi soulignés, entre autres, l’importance d’établir des programmes de soutien à destination des auteurs afin de lutter contre la récidive  ; la nécessité d’établir des projets de sensibilisation et de prévention adressés aux jeunes et l’importance de la lutte contre toutes formes de violences sexuelles dans les conflits armés. Enfin, la Belgique se présente comme une bonne élève de l’élimination des discriminations basées sur le genre et l’orientation sexuelle et souligne son souhait de faire du gender mainstreaming une priorité.

Comment ces déclarations se traduiront-elles concrètement  ? La plupart se retrouvent dans le futur Plan d’action national (PAN) 2015-2019 de lutte contre la violence basée sur le genre. Ce texte, rédigé par l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, est actuellement à l’étude dans les administrations des entités fédérées et fédérales. On y retrouve des points relatifs aux violences sexuelles, aux violences entre partenaires, aux mutilations génitales, aux crimes d’honneurs et aux mariages forcés. En ce qui concerne le viol, les recommandations d’Amnesty International s’y retrouvent dans leur quasi-intégralité. Tout comme la déclaration gouvernementale du gouvernement Michel, le plan plaide pour une ratification rapide par la Belgique de la Convention d’Istanbul. Nous espérons qu’Elke Sleurs et Koen Geens donneront une priorité politique à cette question.

Le projet de PAN est très ambitieux. Il faut que ce plan soit adopté le plus vite possible par le gouvernement fédéral et par les entités fédérées lors d’une concertation interministérielle. Il est à espérer que cette concertation ne sera pas minée par des considérations politiques et que le projet ne sera pas vidé de son contenu. La promotion du droit des femmes et des filles en Belgique est inscrite au programme de chacun des partis des parlements, ce qui devrait faciliter l’approbation du document. 
Cependant, toutes ces bonnes décisions vont rester à l’état de théorie si des moyens budgétaires adéquats ne sont pas débloqués. Avoir de bonnes idées ne suffit pas : il faut que le financement suive. Et il ne faut pas que les résultats engrangés ici soient minés par l’impact d’autres mesures (sociales, de santé,...) qui mettraient ces avancées en péril.
Enfin, nous appelons toutes les entités, fédérales et fédérées, à travailler ensemble pour l’élimination des violences basées sur le genre. Sans une bonne collaboration, les différentes recommandations du PAN pourraient rester lettre morte. Amnesty International y veillera et nos militants ne manqueront pas de le rappeler à l’ensemble des autorités compétentes.

Cette carte blanche a été publiée dans La Libre Belgique du 12 mars 2015.

 

 

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