Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Relais Femmes Naninne
6 janvier 2015

Femmes et jeunes filles à Mkhondo, Mpumalanga (Afrique du Sud)

Afr sud relais

Les femmes et les jeunes filles vivant dans la municipalité de Mkhondo (province de Mpumalanga) sont exposées à un certain nombre de risques, en particulier en ce qui touche leur santé maternelle et leurs droits sexuels et reproductifs. Le district sanitaire dans lequel elles vivent, Gert Sibande, qui relève du Département de la Santé de Mpumalanga, est l’un des moins performants de l’Afrique du Sud. Dans cette région, la mortalité maternelle a augmenté depuis 2008 (contrairement à la tendance que l’on constate dans le reste du pays). Un certain nombre d’obstacles empêchent les femmes et les jeunes filles d’avoir un accès précoce et continu aux soins prénataux. Ce fait, aggravé par une série de facteurs sociaux et économiques, menace considérablement leur santé.

 

198259_Map_of_South_Africa_with_Mpumalanga_Amsterdam_and_Mkhondo_highlighted

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous présentons ci-dessous l’histoire emblématique d’une femme dont le cas est loin d’être rare dans la région, afin d’illustrer quelques-unes des difficultés rencontrées par les femmes et les jeunes filles à Amsterdam.

Gloria, âgée de dix-neuf ans, est une mère célibataire d’une fille de deux ans. Elle ne sait pas où se trouve le père de sa fille. Il les a abandonnées lorsque Gloria lui a dit qu’elle était enceinte et celle-ci ne l’a jamais revu. Gloria vit avec sa fille, sa mère handicapée, sa grand-mère et quatre frères et sœurs plus jeunes âgés entre quinze et six ans. Gloria est au chômage et la famille dépend pour survivre de prestations sociales fournies par le gouvernement.
Gloria a quitté l’école à l’âge de 15 ans lorsque sa mère est devenue handicapée. Étant l’aînée des enfants encore à la maison, Gloria s’est retrouvée chef de famille du jour au lendemain.

Bien qu’elle ait reçu quelques informations sur la planification familiale à l’école, Gloria ne s’est pas sentie la force d’insister auprès de son petit ami, qui avait cinq ans de plus qu’elle, pour qu’il utilise un préservatif. Elle n’a découvert sa grossesse (elle avait 16 ans à l’époque) que lorsque son petit ami lui a dit qu’il soupçonnait qu’elle était enceinte. Gloria ne s’en était pas rendue compte.

Terrifiée par la réaction de sa famille, Gloria a marché pendant 30 minutes pour rejoindre la clinique d’Amsterdam pour un test de grossesse. Au lieu de lui fournir des informations et un soutien, les infirmières l’ont sermonnée – lui demandant pourquoi elle était tombée enceinte si jeune et alors qu’elle n’était pas mariée. Choquée et bouleversée par la manière dont elle a été traitée, Gloria a quitté la clinique avant d’achever tous les tests et elle a décidé de ne pas y retourner.

Lorsque Gloria a confirmé à son petit ami qu’elle était enceinte, celui-ci lui a dit qu’il n’était pas prêt pour un enfant. Il voulait qu’elle avorte. Elle lui a répondu : « Moi non plus je ne suis pas prête pour un bébé, mais je ne peux pas le tuer. Je dois le protéger. » Depuis lors, elle n’a plus entendu parler de lui et elle ne sait pas où il est.

Gloria n’a décidé de retourner à la clinique que lorsqu’une voisine, voyant qu’elle était enceinte, lui a dit qu’elle devait prendre soin d’elle et de son bébé. Elle était enceinte de huit mois à l’époque.
Comme lors de sa première visite, les infirmières l’ont sermonnée lui reprochant d’être restée à la maison et de ne pas être venue plus tôt pour recevoir un traitement. Lorsqu’elle a fait le dépistage du VIH qui est pratiqué gratuitement sur toutes les femmes enceintes qui viennent à la clinique, Gloria a été déclarée séropositive. Elle a été immédiatement placée sous traitement antirétroviral pour empêcher que le virus ne se transmette à son bébé.

Lorsque ses contractions ont commencé, Gloria a dû louer une voiture privée pour se rendre à la clinique, ce qui lui a coûté l’équivalent de 70 rands (environ 5,50 euros). À l’arrivée à la clinique, il a été décidé qu’elle devrait accoucher dans l’hôpital (le plus proche) à Piet Retief, à 46 km de là. Comme il n’y a pas d’ambulance stationnée en permanence à Amsterdam, Gloria a dû attendre que l’une d’elles vienne de Piet Retief pour la chercher. L’ambulance est finalement arrivée une heure plus tard et elle a été transportée à l’hôpital où elle a accouché seule.

Quand elle est arrivée à l’hôpital de Piet Retief, elle a été emmenée dans un service de maternité. On lui a dit de rester debout et de marcher autant que possible alors même qu’elle avait déjà ses contractions (mais on ne lui a pas dit pourquoi). On l’a laissée seule dans une pièce avec une autre femme qui avait aussi ses contractions et les deux ont arpenté la salle toutes seules. Gloria n’a pas reçu de médicament pour soulager sa douleur et, après un contrôle initial, elle n’a pas été assistée par des membres du personnel.

Plusieurs heures plus tard, après avoir ressenti d’autres contractions et une envie irrésistible de pousser, Gloria est allée chercher une infirmière et lui a dit qu’elle sentait qu’elle devrait pousser. L’infirmière lui a dit d’aller aux toilettes. Gloria a refusé, insistant sur le fait qu’elle devrait pousser. L’infirmière lui a finalement dit de se coucher et a vérifié son état. La tête du bébé était visible. D’autres infirmières ont été appelées à l’aide et le bébé est né. Aucun médecin n’était présent lors de l’accouchement.
Gloria et sa fille ont passé la nuit à l’hôpital et elles sont parties le lendemain matin. Son cousin est venu l’aider à rentrer à la maison et tous trois ont marché 45 minutes jusqu’à la station de taxis afin de prendre un véhicule qui les a ramenés à Amsterdam. Ils ont ensuite marché 30 minutes pour rentrer à la maison.
Sa fille est maintenant un bébé de deux ans sain et plein de vie. Gloria espère terminer sa scolarité. Elle prend soin de sa fille, de sa mère et de sa grand-mère le matin et quand ses frères et sœurs reviennent de l’école à 14 heures, elle suit les cours de l’après-midi. Pour le moment, elle ne peut assister qu’à quelques cours mais espère aller à l’école chaque après-midi à partir de l’année prochaine afin de réaliser son rêve et de devenir une travailleuse sociale.

Lire la suite et agir 

 

Publicité
Publicité
Commentaires
Relais Femmes Naninne
Publicité
Newsletter
Visiteurs
Depuis la création 2 670
Publicité