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Relais Femmes Naninne
26 mai 2012

La discrimination à l'égard des Musulmans en Europe: suite

Ce rapport a fait scandale et a suscité beaucoup de réactions.

Contrairement à ce que les médias en ont souvent retenu, ce rapport d'Amnesty n’est pas sans nuances . Il choque beaucoup de personnes en raison de la thématique abordée; il a aussi malheureusement révélé à quel point il y a encore du travail à faire dans la lutte contre le racisme (au vu de nombreux messages reçus). Il indique enfin à quel point il est difficile de faire passer un message complexe dans les structures d'information existantes. Il révèle aussi hélas souvent les problèmes de cohabitation et de sécurité dans la vie de tous les jours, problèmes qui sont malheureusement et à première vue insuffisamment pris en compte par les autorités responsables.

Donc, pour résumer  : Amnesty n'est pas en faveur du voile ou de la burqa. Elle défend les droits des femmes à s'habiller comme elles le souhaitent. Comme tous les droits fondamentaux, ces droits ne sont pas illimités, et peuvent faire l’objet de restrictions (sécurité, protection des jeunes filles contre le harcèlement,…) dans une mesure raisonnable et proportionnée aux dangers pour d’autres droits. Le droit de porter des signes religieux n’implique en aucune manière l’acceptation de pratiques contraires à d'autres fondamentaux, telles que l'excision ou l'obligation de fournir de la nourriture hallal à tous les élèves d'une école, même s'ils ne sont pas musulmans.

Amnesty a pour règle d'appliquer partout dans le monde les mêmes outils pour évaluer la situation des droits humains, et rédiger ses rapports et recommandations : le droit international des droits de l'homme (ou des droits humains, pour être correct). Ce dernier se conjugue fréquemment au niveau régional (Convention européenne des droits de l'homme, dans le cas qui nous occupe) et au niveau national (les lois et règlements belges en ce qui concerne la partie consacrée à la Belgique). De la même manière qu'Amnesty condamne l'interdiction qui est faite aux femmes de conduire une voiture en Arabie Saoudite, l'organisation s'oppose à ce que l'on interdise à une femme musulmane de travailler, simplement parce qu'elle porte un nom à consonance arabe (et même si elle ne porte pas le voile) en Belgique. Mais il est vrai qu'on touche à quelque chose de sensible, en tous cas apparemment, et qui révèle manifestement bien d'autres problèmes, bien réels par ailleurs. Donc, oui, Amnesty travaille aussi sur la Belgique, même si cela surprend certains qui croyaient que nous ne nous adressons qu'à des pays où se déroulent de "vraies violations des droits humains". Toute violation est à dénoncer, d'abord; ensuite, il ne s'agit pas de cas isolés, dans le rapport en question, mais d'une situation très fréquente. Ce n'est pas neuf non plus : depuis plusieurs années, la Belgique figure dans le rapport annuel d'AI, notamment pour sa politique d'asile. Et l'état des prisons mérite largement qu'on s'y attarde, comme l'a fait récemment le Comité pour la prévention de la torture. Rappelons enfin tout le travail que la section belge francophone mène pour lutter contre la violence conjugale et l'inaction des autorités en la matière pendant des années.

Lire la suite de la réponse d'Amnesty à ces critiques ici: Re_ponse_Musulmans

 

On pourrait aussi écouter la voix des principales concernées.

Le colllectif TETE - Toutes égales au travail et à l'école -, qui regroupe des femmes en lutte contre les discriminations à cause du port du foulard, répond ici à quelques critiques du rapport d'Amnesty en prenant sa défense.

"Amnesty International, organisation non gouvernementale, vient de publier un rapport dénonçant les discriminations subies par les musulmans dans cinq pays européens dont la Belgique. Marco Perolini, expert anti-discriminations de l’ONG constate que : “Les femmes musulmanes se voient refuser des emplois et leurs filles sont empêchées de suivre les cours dans des établissements d’enseignement, pour la seule raison qu’elles portent des vêtements traditionnels, comme le foulard”.
Les résultats de ce rapport ont provoqué un tsunami de réactions hostiles. En effet, on considère que refuser l’accès à l’école ou au travail à certaines citoyennes européennes ne peut être une discrimination puisqu’elles portent le foulard. On considère que le port du foulard est contraire aux valeurs démocratiques. On considère qu’il faut imposer aux femmes une tenue jugée “laïque”. Bref, par précaution, on impose aux femmes le code vestimentaire dominant, au nom de la laïcité et du vivre ensemble.

Aussi, merci à Madame Geerts qui, sur son blog, estime que le rapport d’Amnesty International “accuse le pompier d’avoir repéré le feu et d’essayer de l’éteindre…” Est-ce que cette philosophe éclairée croit vraiment qu’il suffit d’imposer aux femmes de se dévoiler pour éteindre « Le feu de l’intégrisme religieux... Le feu du machisme, du sexisme… Le feu de l’islam politique… Le feu de l’antisémitisme, de l’homophobie, du communautarisme, du fascisme religieux…” ? Madame, votre discours a la même teneur mesquine, inquisitrice et tyrannique que celui que vous dénoncez. Les femmes ont-elles le droit de choisir librement leur tenue vestimentaire sans être systématiquement diabolisées ? Nous refusons les discours misogynes qu’ils soient proférés par des “religieux” ou des “laïcs”."

Lire la suite ici: Collectif_TETE

COMMENT S’HABILLER, UNE VRAIE QUESTION

Certains choix vestimentaires peuvent entraîner, pour les femmes de nombreux pays, le risque d’être arrêtées, emprisonnées, voire fouettées. Des États et des groupes armés contrôlent et surveillent la façon dont les femmes
s’habillent, parfois au nom de la religion ou de la culture, parfois pour affirmer leur autorité et terroriser la population. Lorsque ces femmes se battent pour s’habiller comme elles le souhaitent, elles défendent aussi la liberté individuelle et les droits humains.

"...Les femmes sont particulièrement touchées par ces restrictions vestimentaires. Bien souvent, les États, ou ceux qui détiennent l’autorité dans la famille ou le milieu social, exigent qu’elles s’habillent et se comportent conformément aux normes et valeurs sociales dominantes. Les femmes ne sont pas perçues comme des personnes à part entière, mais comme l’incarnation de ces valeurs. Dans pareil contexte, ceux qui détiennent le pouvoir déterminent et contrôlent ce que les femmes peuvent porter ou non, ce qu’elles peuvent faire ou non. Ils bafouent ainsi leurs droits fondamentaux, notamment le droit de contester les interprétations dominantes de la culture, de la
tradition ou de la religion ou les comportements qui constituent des discriminations à l’égard des femmes...."

Lire la suite ici: liberte_de_shabiller



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